Peter Buggenhout questionne le monde

Première rétrospective de Peter Buggenhout au musée M

Rien ne correspond aux apparences chez Peter Buggenhout (1963, Gand). Ses sculptures ressemblent parfois à des vestiges de dévastations ou à des trouvailles archéologiques. Ce qui pourrait ressembler à première vue à un empilement aléatoire de matériaux est en réalité un chaos minutieusement agencé. Après un parcours international, le musée M présente la première rétrospective en Belgique de Peter Buggenhout. M montre du 12 mars au 31 mai 2015 des œuvres retraçant son travail des années 1990 à nos jours.

 

L’artiste réalise des installations colossales et des sculptures sur socle. Pour cela, il utilise des déchets de construction, des emballages, de la poussière ménagère, des bandes de plastique, des lambeaux de tissus, des entrailles, du crin de cheval, du sang. Cela donne à ses réalisations un côté anonyme et indéfinissable. Les installations de Peter Buggenhout sont un miroir du monde complexe qui nous entoure.

« Ce processus correspond précisément à ce que je veux faire: questionner le monde, en passant. »

L' exposition au musée M rassemble ses trois séries – Mont Ventoux, Gorgo et The Blind Leading The Blind –, soit au total une trentaine d’œuvres. Il s’agit de petites pièces sur socles, d’amas de poussière remplissant une salle entière ou encore de travaux plus récents avec des éléments colorés.

Au musée M, l’exposition s’inscrit dans une série de grandes expositions monographiques offrant une plate-forme aux grands artistes belges tels que Jan Vercruysse, Philippe Van Snick, Dirk Braeckman, Geert Goiris et Patrick Van Caeckenbergh.

PROJET ARTISTIQUE

Peter Buggenhout utilise des déchets, de la poussière ou des entrailles qu’il transforme en installations, tantôt petites, tantôt colossales. En insatiable gourmand, il ouvre tous les registres pour introduire dans ses œuvres toute la richesse qui nous entoure. Abandonnant derrière lui toute forme de simplification, il opte résolument pour la complexité et le détail. En ce sens, il peut être considéré comme un romantique tardif. Le romantisme estimait qu’il était impossible à l’esprit humain de comprendre le monde dans son intégralité, réagissant en cela au rationalisme du 18e siècle.

« Je suis assez ambitieux et glouton. Je veux englober le monde entier dans mon travail. Pas seulement une ou deux facettes, mais l’intégralité du monde. D’une manière ou d’une autre, je tente d’intégrer dans mon travail tout ce qui m’entoure – des petites feuilles des arbres proches de mon atelier aux imposantes grues du port de Gand –, pour créer la même richesse d’impressions, de sentiments et de réflexions que lorsqu’on va se balader quelque part, qu’on rêvasse ou qu’on se prélasse chez soi dans un fauteuil. J’essaie de mettre dans mes œuvres toutes ces impressions, qui peuvent survenir en même temps. »

TEXTURES ET MATÉRIAUX

Peter Buggenhout ne connaît aucune limite dans le choix des matériaux. Cette liberté lui permet de créer les formes telles qu’il les souhaite. Déchets de construction, emballages, poussières ménagères, bandes de plastique, lambeaux de tissus, entrailles, crin de cheval et sang constituent le ciment de son œuvre. Ce sont des choses qui n’ont pas de sens. Il parvient à faire communiquer entre eux ces matériaux informes et méconnaissables. Il lui arrive de travailler simultanément sur 10 ou 15 œuvres. Certains éléments d’une œuvre peuvent aboutir dans une autre jusqu’à ce que chaque œuvre soit aboutie.

« Je n’ai aucune idée du sens que doit avoir un matériau ou un objet. Les choses ne signifient rien. Nous leur donnons toutefois du sens parce qu’à défaut de cela, nous ne savons qu’en faire. Et pourtant, chaque objet est vide. Je crée des sculptures sans références directes et j’aspire à l’autonomie totale de l’objet... C’est un défi immense qui ne fait que se complexifier. Lorsque je réalise la centième sculpture de la série ‘The Blind Leading the Blind’, elle fait immanquablement référence aux 99 autres qui l’ont précédée. Je tente d’y échapper en veillant à ce que chaque création soit la plus différente possible.

LA PERSPECTIVE

Peter Buggenhout remet totalement entre les mains du public la liberté qu’il prend pour créer ses œuvres, ce qui met le spectateur dans l’impossibilité de se souvenir de ce qu’il a vu. En tant que spectateur, on a le sentiment de ne pas pouvoir situer ses œuvres. Seule subsiste l’impression d’un vague souvenir, par exemple « une chose amorphe couverte de poussière.

L’échelle est également relative pour l’artiste. Il ne fait pas de différence entre grand et petit, ou entre intérieur et extérieur. Ce qui change, par contre, c’est la perspective. Les petits objets font davantage appel à l’œil, tandis que les grandes œuvres sont plus physiques et sollicitent le corps.

« Foncièrement, je n’exprime rien de différent avec des grandes ou des petites œuvres. La seule différence est que par sa taille, une grande œuvre a un impact physique plus fort, tandis qu’une petite opère de manière plus mentale. Une œuvre autour de laquelle on peut tourner offre à celui qui la regarde un autre accès qu’une œuvre monumentale qu’on ne peut voir que d’un seul côté. »

TROIS SÉRIES

Peter Buggenhout scinde son travail en trois séries, groupées sous les intitulés Mont Ventoux, Gorgo et The Blind Leading The Blind. Ces titres oscillent entre mythologie, histoire de l’art et références bibliques et littéraires. C’est comme s’ils comportaient un sens plus profond, tout lien entre le titre et l’œuvre étant toutefois ouvert. Plutôt que des explications, ce sont des bribes de la philosophie de Buggenhout. Ils racontent ce que l’artiste pensait à un moment précis, et ne sont pas préalables aux œuvres.

« Les trois séries et leurs titres parlent de l’impossibilité d’accéder à une réelle compréhension, et de l’immense complexité de ce qui nous entoure.  Ces titres ne sont pas explicatifs: ils indiquent une sorte d’approche pratico-philosophique de ma manière de voir les choses. »

ÉVOLUTION VERS COULEUR

« Mon approche est relativement stable. Il y a une constante: chaque œuvre doit être différente de toutes celles qui ont précédé, et doit s’en détacher.  Pour y parvenir, je veux jouer de tous les moyens plastiques. Ces dernières années, la couleur a par exemple fait son apparition dans mon travail. Par ailleurs, au début, mes œuvres étaient plus organiques. Des éléments plus linéaires et industriels sont ensuite venus s’ajouter à l’organique.»

Peter Buggenhout explore de nouvelles pistes et les présente au musée M. Dans la salle 26 est exposée une œuvre récente de 2014 dans la nouvelle série On Hold. L’artiste a utilisé de vieux châteaux gonflables devenus inutilisables.  Il intègre des bandes colorées dans les structures réalisées en matériaux récupérés. L’ensemble crée une nouvelle vulnérabilité menaçante.

 

PUBLICATION

Parallèlement à l’exposition paraît l’ouvrage « We did it before, we will do it again » (éditeur: Jnf Editions / Éditions de l’Amateur (ENG/FR) Cette publication présente les œuvres de Buggenhout à côté des sources d’inspiration qui comptent pour l’artiste. Outre les essais de Selen Ansen et William L. Rathje, l’ouvrage propose une interview de fond avec Eva Wittocx, commissaire de l’exposition au musée M, et des extraits de textes de Peter Buggenhout.

INFOS PRATIQUES

Commissaire d'exposition: Eva Wittocx

Peter Buggenhout du 12.03.2015 au 31.05.2015 au musée M.

EXPOSITION AU BONNEFANTENMUSEUM

Bonnefantenmuseum Maastricht présente du 3 avril 2015 deux installations de la série ‘The Blind Leading The Blind’.

Dossier de presse (pdf)

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Veerle Ausloos

Pers en communicatie, M - Museum Leuven

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