Dinosaures, jaguars et jeans
Michael Van den Abeele inaugure son exposition individuelle au M
29 juin 2015
Quel est le point commun entre les dinosaures et les jaguars? Pour l’artiste bruxellois Michael Van den Abeele (°1974), ils sont impénétrablement opaques. Dans son exposition individuelle 'Opacity, Please', ils ont inspiré une nouvelle série de tableaux et un space opera. La recherche de l’artiste s’inspire de motifs venant de la science-fiction, de la paléontologie et de l’exotisme.
Opacité, s’il vous plaît
Dans ses tableaux abstraits, Michael Van den Abeele joue avec le style, les formes et les matériaux. Ajoutez à cela l’illusion d’optique, et vous saurez ce que signifie la liberté absolue dans l’art. La combinaison de couches de peinture opaques et la complexité du contenu expliquent le titre Opacity, please. Spécialement pour cette exposition, Van den Abeele associe une scénographie de murs et socles en béton avec un space opera et de nouvelles peintures.
De « vrais » dinosaures
Dans sa série Dinosaur (2014), Van Den Abeele montre la construction culturelle des animaux préhistoriques. Pour cela, l’artiste s’inspire des premiers dinosaures en béton du Crystal Palace Park de Londres (1854). Pourtant, il sent que quelque chose n’est pas juste dans ces statues. Du point de vue de l’histoire de l’art, la fidèle reproduction des dinosaures est en décalage avec l’époque. À partir de 1850, les artistes ont en effet franchi les premiers pas vers l’abstraction.
Jaguars et jeans
Dans la salle du musée, trois tableaux en jeans ornés de jaguars trônent sur des socles. Ils appartiennent à la série I’m a fan (2015) et font référence à des œuvres existantes. Un des jaguars est par exemple basé sur une peinture de Malcolm Morley, et l’exotisme du Douanier Rousseau – qui n’avait jamais mis les pieds dans une véritable jungle et dont les tableaux se basaient sur les jardins botaniques de Paris – a servi de source d’inspiration.
Distorsion
Untitled (2014) est une série de dessins intuitifs à l’encre, en noir et blanc, au format A4. Lorsque l’artiste agrandit ses croquis au format d’une peinture, les aplats noirs et blancs changent. Un élément noir sur une feuille blanche devient tout à coup un élément blanc sur fond de couleur. Avec ce jeu d’avant- et d’arrière-plan, Van den Abeele explore les dimensions de la création d’images.
Utopique ou extraterrestre?
Comment Michael Van den Abeele imagine-t-il une société utopique? Une scène de douche, un paysage de météores et une foule de gens en extase surmontés d’une frise de huit têtes identiques peuvent en donner une petite idée. L’artiste réalise cette scène à la peinture à l’huile blanche sur une toile en jeans de sept mètres de long. Le titre Colony (2015) fait à la fois référence aux colonies de vacances et à une implantation d’extraterrestres.
Space opera
Dans le space opera A small talent for war (2015), Van den Abeele montre d’autres talents. Dans une sculpture triangulaire de cinq ampoules qui clignotent de manière rythmée, l’artiste se transforme en conteur. Le personnage principal part sur Mars pour vendre des armes à la population locale. Ses limites humaines lui font comprendre que la vie n’est pas meilleure là-bas que sur terre. Un récit de science-fiction inégalé.
Biographie
Depuis 2003, Michael Van den Abeele fait partie de l’« Établissement d’en face » à Bruxelles. Il a exposé chez Ibid Projects à Londres, à la Maison Grégoire, au Wiels à Bruxelles et au centre REDCAT à Los Angeles. Jusqu’au 25 octobre 2015, M présente pour la première fois l’ensemble de ses créations.
Commissaire d’exposition: Valerie Verhack