Dieric Bouts livre ses secrets
L'exposition thématique « Atelier Bouts » à M Leuven prend sous la loupe la pratique du maître, l'examen de ses œuvres et leur restauration
« Atelier Bouts », l'exposition proposée par M Leuven du 16.02 au 28.04, est un récit passionnant dans le sillage de la grande rétrospective internationale « DIERIC BOUTS. Créateur d'images ». Au travers de six œuvres emblématiques, exposées encore quelque temps à M, le musée examine les facettes scientifiques de la création d'un chef-d'œuvre du XVe siècle. Les visiteurs apprennent comment les Maîtres flamands réalisaient leurs tableaux, de quelles couches se composent leurs pièces, si Bouts était l'unique auteur des œuvres qui lui sont attribuées actuellement et comment ces tableaux sont restaurés aujourd'hui, près de 500 ans après leur création.
« M Leuven se réjouit du succès du Festival New Horizons |Dieric Bouts, mais nous ne disons pas encore adieu à Bouts », commente Bert Cornillie, échevin de la Culture de Louvain et président du Conseil d'administration de M. « Au contraire : puisque la réputation de Bouts en tant que Maître flamand majeur est dorénavant solidement établie, l'artiste ne reste pas seulement présent à la collégiale Saint-Pierre, mais également à M. Cette exposition thématique se concentre sur le côté technique et scientifique de son travail, ce qui nous emmène dans les coulisses de l'atelier d'artiste. »
« La visite d'“Atelier Bouts” est une occasion unique de voir réunis dans un même espace quatre des principaux triptyques de Bouts », ajoute Marjan Debaene, conservatrice en chef d'Art ancien à M Leuven. « Après l'exposition, “La Cène” et “Le Martyre de saint Érasme” retourneront irrévocablement à l'église Saint-Pierre, tandis que “Le Martyre de saint Hippolyte” retrouvera sa place à la cathédrale du Saint-Sauveur à Bruges. Le “Triptyque de la Descente de Croix”, un prêt prestigieux venu de Grenade, ira à l'Institut royal du Patrimoine artistique (KIK-IRPA) pour une restauration approfondie. Dans l'exposition, vous apprenez combien les nouvelles technologies comme le balayage Macro-XRF, la réflectographie infrarouge et la dendrochronologie sont importantes pour de telles campagnes de restauration, et quelles découvertes surprenantes elles ont déjà permis de faire. »
Six œuvres, six technologies
« Atelier Bouts » présente sous un nouveau jour six œuvres parmi les plus emblématiques sorties il y a cinq cents ans des ateliers de Dieric et Albrecht Bouts, grâce à des techniques d'imagerie récentes et des méthodes innovantes d'étude des matériaux.
Pour le « Christ couronné d'épines » (v. 1470), œuvre acquise par M en 2019 et tout récemment restaurée, nous étudions minutieusement au moyen de la radiographie, c'est-à-dire des rayons X, les étapes de la réalisation et l'histoire matérielle du tableau.
La dendrochronologie, la discipline scientifique visant la datation du bois, nous apprend que la « Mater Dolorosa » (après 1490) n'a pas pu être réalisée par Dieric Bouts, mais provient probablement de l'atelier de son fils Albrecht.
La macrophotographie a produit des images éblouissantes à très haute résolution du « Triptyque de la Descente de Croix » (v. 1450-1458), permettant d'analyser en détail les techniques employées et l'état de conservation de l'œuvre. À l'aide de la Macro-XRF ou spectroscopie à macro-balayage de fluorescence X, les chercheurs ont pu déterminer la composition chimique du « Martyre de saint Érasme » (v. 1460-1464), qui nous informe entre autres sur les interventions de restauration dans le passé.
« Le Martyre de saint Hippolyte » (panneau central et panneau de droite v. 1475, panneau de gauche v. 1479), l'une des dernières œuvres de Bouts, a été examiné avec la réflectographie à infrarouge ou IRR. La signature qui a ainsi pu être mise à jour renforce la supposition que le panneau de gauche, le portrait des donateurs, a été terminé par Hugo van der Goes, un contemporain de Bouts.
Bien évidemment, le chef-d'œuvre absolu de Bouts ne manque pas à l'appel dans « Atelier Bouts ». Le triptyque « La Cène » (v. 1464-1468) est analysé jusqu'à la plus fine couche de peinture par le biais de l'analyse stratigraphique.
« Denkvoer »
Le cycle « Denkvoer » ou « Matière à réflexion » de M est un ensemble de conférences, cours, débats et rencontres de divers types, allant de la simple introduction à l'étude plus fouillée. Tout le monde y trouve donc son bonheur et en plus, l'accès est gratuit. Parallèlement à l'exposition « Atelier Bouts », M organise deux conférences d'approfondissement dans le cadre de « Denkvoer » :
BIENVENUE À « ATELIER BOUTS »
15.02
À propos de Bouts en tant qu'artiste et l'histoire matérielle de quelques-uns de ses tableaux
Lors de cette conférence sont examinés quelques chefs-d'œuvre du Maître flamand. Comment Bouts réalisait-il ses tableaux et le faisait-il toujours seul ? Comment ces œuvres ont-elles été produites, du panneau à la couche de fond, du dessin de fond à la couche de peinture ? Et comment les restaurateurs d'aujourd'hui étudient-ils et traitent-ils ces œuvres ? Lors de la soirée d'ouverture de l'exposition thématique « Atelier Bouts », Marjan Debaene (M Leuven), Bart Fransen (KIK-IRPA), Valentine Henderiks (Université Libre de Bruxelles/Fondation Périer-D'Ieteren) et David Lainé (IPARC) se penchent sur les tableaux de Bouts pour vous révéler la « patte » caractéristique de l'artiste.
Après la conférence, nous vous invitons à découvrir de près les œuvres exposées. L'accès au musée est gratuit pour l'occasion et nous vous offrons un verre avant ou après votre visite.
DIERIC BOUTS, ÉMINENT PEINTRE MUNICIPAL ET HOMME DE MYSTÈRE
21.03
En quête de Bouts
Nous connaissons le nom des épouses de Dieric Bouts et de ses fils, nous savons qu'il était originaire de Haarlem aux Pays-Bas, qu'il a été nommé peintre municipal de Louvain et qu'il est décédé dans cette ville en 1475. Et nous possédons deux chefs-d'œuvre du maître ancien, dûment datés et documentés. Mais même si nous en savons plus à son propos que sur la plupart des grands peintres du XVe siècle actifs dans les Pays-Bas, l'artiste et son évolution restent empreints de mystère. Des œuvres censées figurer parmi ses premières réalisations s'avèrent ainsi appartenir à sa période tardive. Par ailleurs, les rapports entre les œuvres de Bouts et celles d'autres maîtres méritent d'être réexaminés.
Dr. Stephan Kemperdick, conservateur des Staatliche Museen zu Berlin et éminent spécialiste des Maîtres flamands, nous entraîne dans sa quête de Bouts, dont il nous invite à explorer les virages et les méandres.
Informations pratiques
Atelier Bouts
15.02 > 28.04.24
https://www.mleuven.be/fr/programme/atelier-bouts
Dossier de presse Atelier Bouts
DOCX - 9.0 Mb
Dossier de presse Atelier Bouts
PDF - 4.0 Mb
Bert Cornillie